Christophe Badani, un typographe à l'EPSAA
Christophe Badani, un typographe à l'EPSAA

Ses Workshops auprès de nos étudiants donnent vie à de grandes fresques typographiques qui s’affichent, au fil des jours, dans nos couloirs. Les lettres, les mots, les messages s’animent, vibrent et dansent sur les murs, dans un festival de couleurs.
Christophe Badani, typographe professionnel, enseigne depuis cinq ans cette discipline aux étudiants de l’EPSAA. Il dispose d’un atelier et de sa propre galerie d’art dans le quartier Saint-Louis à Versailles.
Son parcours
Christophe a fait ses études dans les industries graphiques où il s'est formé à différentes techniques : photocomposition, typographie au plomb, dessin, etc.
Une formation complète, qu’il trouve très enrichissante et qui lui ouvre, surtout, de nouveaux horizons créatifs : « je voulais faire de la bande dessinée et de l’illustration mais à l’époque à Marseille et dans les environs il n’y avait pas d’école pour ça. Je me suis donc orienté vers le graphisme et les industries graphiques. Les années 85 ont été une période charnière pour ces métiers car le Mac faisait son apparition et ça m’a tout de suite attiré ».
Sa formation terminée, en 1992, il quitte sa ville natale de Marseille pour rejoindre Paris. Après plusieurs petits boulots il est recruté comme graphiste à l’agence CLM/BBDO.
Il commence alors à développer une véritable passion pour la typographie dont il s’est forgé une spécialité...
À l’agence il apprend à dessiner les lettres. On lui confie des campagnes toutes en typo « faites à la main ». Un univers s’ouvre à lui : alphabets, logos, titrages... le champ d’application et d’exploration de la calligraphie lui semble sans limites.
Il se perfectionne en calligraphie à l’association Scripsit avec Vincent Gesnelay et Véronique Sabard, participe à plusieurs stages. Il monte en compétence, étend et nourrit sa nouvelle passion pour le dessin de la lettre.
"C’est génial ! Tu rentres dans un univers !
Je n’avais pas de formation à l’époque...On m’a expliqué que pour dessiner une typographie il fallait maîtriser la calligraphie, apprivoiser les pleins et les déliés et qu'un parcours calligraphique est essentiel pour une progression.
J'ai donc suivi des cours, stages etc. J’ai tout de suite adoré ça. Tout à coup tu humanises ton travail avec de l’encre et du papier. Pas besoin d’ordinateur ! Les créations numériques me semblent parfois froides, elles créent de la géométrie et de la symétrie, ça manque d’originalité et de personnalité".
" En 1994, je me suis alors lancé et j’ai commencé à proposer deux typographies à un éditeur spécialisé : (LINOTYPE LIBRARY) puis, j’ai réalisé mon 1er caractère de commande pour la marque Lacoste, en 2000, avec l’agence de design Seenk et ça ne s’est plus arrêté...J’ai été très sollicité par la suite et j’ai répondu à de nombreuses demandes tant en typographie qu’en calligraphie ".
En 2010, Christophe a co-écrit un ouvrage intitulé « Types for Brands - Typographies pour les marques » avec l’agence de design Seenk Paris avec qui il a collaboré pendant des années sur de nombreux projets de créations typographiques pour de grandes entreprises.
Puis, dans une troisième phase de mes apprentissages, j’ai eu besoin de personnaliser encore mon travail, de le déconstruire pour mieux me l’approprier.
L’écriture expressive est pour moi une source d’éblouissement.
"J’ai fait de la calligraphie abstraite. Là, Il faut trouver sa liberté dans un exercice très codé, trouver son propre langage. Je me suis donc mis à la peinture abstraite, un art que j’ai fait évoluer par un long cheminement".
"La lettre, la typo, la calligraphie, le signe je me suis mis à les travailler en peinture par l’art abstrait, c’était une véritable découverte. Ce travail sur le signe est vecteur d’émotions, d’expression forte".
Quand on l'interroge sur les exigences de son métier-passion, Christophe précise : " Oui, L’art de la lettre est un exercice solitaire mais tenir une galerie me permet de ne pas rester isolé".
En workshop à l'EPSAA
L'EPSAA tient à ce que ses étudiants développent un esprit d’analyse pertinent. Il est donc essentiel, pour un.e futur.e Directeur.trice artistique en communication visuelle et multimédia, de mesurer l’importance des connotations typographiques dans une publication.
Alors, pour ce nouvel workshop Christophe leur a demandé de créer la typographie originale d’un évènement culturel de leur choix. Cet évènement peut être réel ou inventé (musique, théâtre, danse ou sport) mais la typo choisie doit signer l’identité de l’évènement et intégrer un très fort universalisme.
Elle doit aussi, et surtout, être en parfaite adéquation avec la thématique choisie : cirque, Formule 1, danse, etc..
« En 3e année je cherche à créer, par ce workshop, une émulation de groupe. Je leur demande aussi d’apprendre à rester concentrés, pour réaliser un travail abouti et complet. Je veux nourrir leur envie d’aller en profondeur dans une création et leur permettre, en une semaine d’aller jusqu’au bout de leur idée. »
" Important : La signalétique de l’évènement doit bien rester au service du message, pour bien fonctionner, l’alphabet doit vivre, rester lisible et être cohérent ".
« Ce module pédagogique, que je propose depuis 5 ans, est pour moi, désormais bien rôdé. L’exercice nécessite que les étudiants prennent le temps de comprendre le sujet, de l’analyser et de réfléchir. Ils ont parfois un peu peur car ils trouvent cela difficile. Mon travail est donc de démystifier le travail de création typographique. Mais la typo redevient à la mode et c’est toujours une belle découverte ! ».
Christophe, quels sont d'après toi, les points forts de l'EPSAA ?
« C’est une école qui a du goût pour la typographie, Laurent Muller, qui enseigne le brand design à l’EPSAA a déjà sensibilisé les étudiants à cette discipline. La culture typographique y est donc d’un bon niveau et cela me permet d’avoir un rôle de directeur de création auprès d’eux. J’ai la sensation de travailler avec des créatifs déjà très formés, notamment sur les logiciels et sur la technique ».
« J’observe une qualité de niveau en progression, les élèves sont sympathiques et je ressens un bon climat général. C’est désormais la seule école avec laquelle je travaille car j’y trouve une grande liberté d’expression créative ! ».
+ d'actualités EPSAA ? Suivez nous sur LINKEDIN