EPSAA-AIRBUS A VOL D'OISEAU

EPSAA-AIRBUS A VOL D'OISEAU

Stéphane JASSIN ou le parcours sans faute d'un ex-étudiant de l'EPSAA

Stéphane JASSIN n’est pas très satisfait de sa prestation ce jour de mai 1995 quand il quitte la salle de jury d’arts graphiques de l’EPSAA.

En dépit de son année de prépa, il ne se sent pas au niveau des attentes de l’école et pense que sa formation scientifique et ses trop maigres talents artistiques ne font pas de lui le candidat idéal.

Il se trompe !

Les membres du jury ont décelé rapidement tout le potentiel de progression de ce candidat atypique, curieux et appliqué.

C’est le début de l’histoire…

Admis à l’EPSAA, Stéphane se fait rapidement remarquer par sa capacité de travail, sa motivation et son implication dans la vie scolaire. Il se découvre même un certain talent pour le Leadership.

Il dit y avoir appris l’essentiel : structurer sa pensée, développer la notion de concept et avoir été bien préparé au rythme de travail en agence, grâce aux workshops que l’EPSAA proposait déjà. 

01 …voler de ses propres ailes

Son diplôme de Concepteur en communication visuelle en poche, il rejoint le service militaire en 1998. Internet est alors embryonnaire et l’Armée s’intéresse aux compétences graphiques de Stéphane. On lui propose de rejoindre la toute récente cellule digitale du centre de communication de l’Armée pour concevoir le site internet de la Gendarmerie Nationale. Par ce travail, Stéphane apprend les contraintes liées au développement, et quelques fondamentaux ergonomiques en complément de sa formation initiale.

Opérationnel en quittant l’armée, c’est en qualité de directeur artistique digital qu’il va explorer différents formats d’agences où il croisera alors toutes les typologies (ou presque) de projets et de clients. 

Q2 …faire décoller sa carrière  

De 2007 à 2010, Stéphane va faire des rencontres professionnelles autour de l’expérience utilisateur, un domaine qui commence à le passionner. Il ne travaille plus sur un produit fini, mais sur des services évolutifs, pour des utilisateurs qui sont acteurs et vont manipuler l’interface. C’est une période où il va nourrir sa curiosité en s’intéressant aux sciences cognitives, à l’ergonomie, l’usabilité dans la conception de l’IHM , pour se forger une culture.     

Après 2010, en parallèle de son activité Free-lance, il enseigne la direction de création interactive et l’expérience utilisateur à des élèves en Bachelor, en cycle Master et auprès d’adultes en formation continue. C’est un public souvent très averti, qui dispose d’une bonne culture digitale, ce qui l’oblige à progresser dans ses savoirs et sa pédagogie. Perfectionniste, il met beaucoup de soin à réaliser des supports de présentation et de communication qualitatifs.       

Ces années lui ont permis de développer ses compétences pédagogiques et des capacités à communiquer auprès de différents publics/clients.

Cependant, progressivement il ressent un décalage et une envie de changement...

3 ... escale en vue 

Sa carrière se précise et s’affirme, il souhaite défendre et démocratiser le design d’expérience utilisateur à plus large échelle. Stéphane prend alors un tournant professionnel, arrête l’enseignement et rejoint la cellule digitale de l’agence Ogilvy, plutôt réputée pour ses campagnes traditionnelles.

D’abord directeur artistique digital senior, puis "Head of user experience" et directeur de création-associé, il y perfectionnera son expérience managériale et sa compréhension de l’expériences de marques.

Il prend peu à peu conscience de l’empreinte écologique du Digital, développe une attention plus marquée à la SUSTAINABILITY (réelle utilité).

Ces nouveaux services doivent intégrer équitablement trois dimensions fondamentales dans la création de valeur en entreprise : Planet, People, Profit..

Ce service respecte-t’il la ligne environnementale ? Correspond-il a un réel besoin utilisateur ? Permet-il de redéfinir les lignes d’un Business Model de manière équitable ?

On parle aujourd’hui d’écologie du design.

4… atterrissage à Airbus  

2019. Stéphane veut quitter Paris et rejoindre Toulouse, il tombe sur une annonce d’emploi chez AIRBUS qui semble avoir été faite pour lui.

Il a alors l’impression que ses 22 ans d’expériences en digital, en « user experience » et en « management » l’ont, précisément, mené d’un point « A » à ce point « B ».

Son parcours disruptif a plu à la direction d’AIRBUS, en recherche de nouveaux profils pour renouveler sa culture d’entreprise.

Stéphane pense que le statut d'« Head of Strategic Design » dans une entreprise aussi hiérarchisée est un atout qui crédibilise la profession de designer, pas toujours prise au sérieux et souvent confondue avec le statut d’artiste.

Ses problématiques professionnelles d’aujourd’hui sont liées au digital :

Comment travailler sur les process pour qu’une compagnie puisse fonctionner plus efficacement ? Comment rendre l’expérience passager plus agréable ? Comment améliorer la communication au sein d’organisations souvent silotées ? Dans le contexte actuel, comment (par les solutions digitales) aider les Airlines à reprendre leur activité ? (fluidité, maîtrise des coûts...)

En phase aujourd'hui avec ses attentes professionnelles, Stéphane livre ici quelques conseils précieux aux étudiants qui démarrent une carrière dans le Design.

Voici, selon lui, les qualités qui comptent :

Capacité à se remettre en question, se projeter (personnellement je n’aurais jamais imaginé que je ferais 5 ou 6 métiers différents...). Ne pas avoir trop d’Ego (gage d’une plus grande marge de progression). Simplicité, motivation, humilité. Créativité, résilience. Capacité à travailler en équipe, à prendre des décisions et à trancher.

...et quelques autres conseils pros :

Rester agile et alerte dans un monde qui évolue très vite. Sentir le moment où on n’avance plus, et où il nous faut passer à autre chose. Comprendre qu’on ne fait pas ce métier pour nous, mais pour rendre service à des personnes. Il faut observer, comprendre les besoins, écouter, passer du temps avec les gens avant de passer à l’action. On n’est pas là pour faire des choses jolies, le service doit répondre à un besoin. La maîtrise de l’anglais n’est pas une option.

Pour finir..

Sa phrase  fétiche : " On ne peut pas trouver la solution tant qu’on n’a pas compris le problème"

Sa citation fétiche (Steeve Jobs) : « Le design n’est pas uniquement à quoi ça ressemble mais comment ça fonctionne »

Son message aux étudiants : « faites confiance à vos profs, ils connaissent parfaitement le biotope professionnel »

En vidéo, deux productions emblématiques, réalisées en qualité d'UX.designer :

Babolat POP: The world first connected wristband for players (Cannes Lions Silver 2016) : https://www.youtube.com/watch?v=zvCDHC_GKQo MSC for me: Improving the Passenger's Experience (Grand Prix Stratégies Gold 2019) : https://www.youtube.com/watch?v=5zZqMFE5naw